Végétarisme : Phénomène de mode ou avenir alimentaire ?

Les végétariens ont pendant longtemps été considérés comme des hippies, des personnes quelque peu extravagantes qui refusent de se nourrir de viandes et dérivés parce qu’elles considèrent les animaux comme étant des êtres sensibles. Aujourd’hui, porté par des figures emblématiques comme les stars de cinéma, le végétarisme vit une nouvelle jeunesse. Sa cote de popularité auprès des jeunes en particulier grimpe à un tel point qu’on en vient à s’interroger sur l’avenir de ce mouvement. S’agit-il d’un intérêt passager ou d’un revirement d’habitude ? Le cas échéant, quelles en sont les causes ? Il semble impossible de répondre à ces différentes questions sans être revenu au préalable sur les fondements du végétarisme.
Sommaire
Qu’est-ce que le végétarisme ?
Souvent considéré de façon abaissante comme un régime exclusivement adopté par les personnes qui ne mangent pas de la viande, le végétarisme est en réalité un mode d’alimentation plus organisé. Il englobe tous ceux qui ne consomment pas l’un ou l’autre de ces aliments ou des repas contenant de la viande, des dérivées de la viande, du poisson et des fruits de mer.
Trois tendances sont donc à identifier :
- le lacto-ovo-végétarisme désignant les consommateurs qui tolèrent les produits dérivés des animaux dans leur alimentation ;
- le semi-végétarisme correspondant aux consommateurs qui acceptent les poissons et les fruits de mer ;
- le lactovégétarisme englobant les consommateurs qui optent pour les produits laitiers tout en excluant les œufs de leur alimentation.
Ainsi, un végétarien peut être identifié à travers l’une de ces trois tendances, même s’il ne se déclare pas comme tel. Bien que les raisons de son choix soient personnelles, une question reste cependant en suspens. Pourquoi au pays du bœuf bourguignon et des travers de porc décide-t-on de se passer définitivement de viande ?
Végétarisme : causes et fondements
Aux origines, le végétarien était en plus d’un régime alimentaire toute une idéologie qui prônait le respect de la vie sous ses différentes formes. Les premiers végétariens étaient animés par le besoin d’éloigner des repas qui assurent leur existence, tout aliment impliquant le sacrifice d’une autre vie comme celle d’un bœuf, d’un mouton ou d’un poulet…
Chemin faisant, le mouvement a été renforcé par différents scandales comme la souffrance animale dans les abattoirs et le cheval retrouvé dans les lasagnes à la place des bœufs. Dès lors, à travers le monde, le végétarisme est devenu une solution pour lutter contre ces dénonciations et pour faire de la terre un espace où tout le monde, les animaux également se sentent mieux traités.
Aujourd’hui, outre cet idéal, des raisons médicales peuvent également justifier la nécessité d’embrasser le végétarisme. À titre d’exemple, la plupart des vedettes se réclament de ce régime en raison des nombreux risques de cancer encourus du fait d’une forte consommation de viande. En effet, des études ont prouvé que les graisses animales sont néfastes pour la santé. Cependant, est-ce qu’un tel régime peut satisfaire tous les besoins d’une personne ?
Être végétarien, est-ce bon pour la santé ?
Depuis que les régimes alternatifs tournés vers la surpression de la viande se sont développés, la principale question que se pose le monde est de savoir si ce type d’alimentation est conseillé pour la santé.
Sur le sujet, les végétariens pour la grande majorité affirment mieux se porter depuis qu’ils ont amorcé ce virage alimentaire. Cela peut sembler logique dans la mesure où les végétariens consomment moins de graisse et mangent de façon plus saine. Ils sont moins sujets aux maladies cardiovasculaires, au mauvais cholestérol, aux problèmes de constipation. Il faut dire qu’ils consomment plus de fibres et d’aliments recommandés pour la santé.
Cependant, les études scientifiques ne permettent pas de trancher la question avec précision. Au sein même de la communauté scientifique, des résultats de recherches contradictoires sont publiés depuis quelques années, apportant chacun la preuve irréfutable du bienfait puis des méfaits de ce type d’alimentation pour la santé.
Qui croire ? L’expérience ! En effet, chacun peut tirer des conclusions à partir de son approche. Ce qu’il convient de retenir, c’est qu’en matière de végétarisme, le sentiment d’isolation et de précarité ressenti au début de ce mouvement n’existe plus. Des sites de cuisine aux restaurants en passant par les rayons de supermarché, le business des anti-carnivores vit ses meilleurs jours. La gamme des aliments commercialisés est plus variée. Néanmoins, un point d’ombre subsiste chez les végétariens et devient plus manifeste dans certains cas.
Quid des femmes enceintes et végétariennes ?
Le fer, le zinc et les oméga-3 sont des oligo-éléments qui font parfois défaut aux végétariens, en particulier ceux qui se passent de poissons et de fruits de mer. S’il en est ainsi, c’est parce que ces nutriments sont surtout présents dans la viande et ses dérivés. De plus, ils se dégradent assez vite dans l’organisme au contact d’aliments comme les laitages et certains légumes.
Les femmes enceintes ayant énormément besoin d’acide folique et de fer pour booster leur circulation et combler les besoins de leur bébé, un problème de carence peut se poser. Les risques d’anémie sont plus avérés chez une femme végétarienne en état.
Face à cette situation, des nutriments de synthèse sont prescrits, mais au quotidien, les femmes enceintes et les enfants en pleine croissance peuvent être orientées vers des nutritionnistes pour un meilleur encadrement. Être végétarien n’est plus une fatalité.
Le végétarien face à la société de consommation
On pourrait croire qu’avec un régime alimentaire aussi particulier, les végétariens ont des difficultés à se faire plaisir ou à s’offrir des restos entre amis, à vivre tout simplement une vie « normale ». C’est une idée totalement fausse, car pour répondre à la demande, de nombreuses adresses ont ouvert leurs portes. La mode des restaurants végétariens se confirme. De belles tables aux enseignes d’alimentation rapide en passant par les supermarchés bio et les nombreux salons, le marché du végétarisme s’agrandit, et cela profite à d’autres mouvements.
Véganisme, végétalisme et végétarisme… quèsaco ?
Comme le végétarisme, le véganisme et le végétalisme sont des régimes alimentaires alternatifs qui bannissent la consommation de la viande et de ses dérivés à des degrés différents. Les véganes ont fait de ce principe un idéal de vie. Ainsi, tout ce qui touche à leur personne ne doit rien contenir d’animal :
- aliment ;
- vêtements, accessoires et chaussures ;
- médicaments ;
- produits de beauté…
Ainsi, une personne végane ne portera pas des chaussures en peau de crocodile. On ne lui placera pas une dent en ivoire, et il ne consommera pas des œufs, du lait de vache, des crustacés ou tout simplement du miel. Sans aller aussi loin, les végétaliens sont considérés comme l’antichambre du végétarisme. Ils ne réunissent sans aucune variance que tous ceux qui ne mangent pas de viande et dérivés (œuf, miel, laitage…) ni des fruits de mer. Associés aux végétariens, on obtient une grande communauté qui compte bien se faire entendre pour les années à venir.
Végétarisme, un choix qui perdure
Hamburger à la viande de soja, chorizo à base de céréales, choucroute sans saucisse de porc… on assiste un peu partout dans le monde à la montée en puissance des végétariens et de l’agrobusiness destiné à satisfaire leurs besoins. Rien qu’en France, la communauté constituée de quelques milliers de personnes est passée à plus de deux millions d’âmes en quelques années. Selon les spécialistes, cette courbe croissante devrait doubler en raison des préoccupations environnementales. On le sait aujourd’hui : l’élevage intensif n’est bien ni pour l’environnement ni pour la santé. Par contre, les terres cultivables peuvent être remplacées par une agriculture étagée et réalisée dans des espaces urbains.
Les personnes sensibles à ces préoccupations ont donc trouvé dans le végétarisme un régime satisfaisant sur le plan éthique et alimentaire. Aussi, ne peut-on plus parler de mode de 1940 à nos jours. Pour une grande partie de la population, l’avenir de la planète est lié à ce choix de vie qui permettra aux prochaines générations de vivre dans un environnement plus sain.